top of page

POUVOIRS POLITIQUES & MOUVEMENTS-P2.

DU 4ème au 11ÈME SIÈCLE


LE PREMIER CHRISTIANISME D’ÉTAT

et LE POUVOIR IMPERIAL ROMAIN

DE L’AN 325 À L’AN 476 .

En l’an 325, c’est bien comme partisan du christianisme ambiant et prélat romain que Constantin le Grand (désormais unique dirigeant de l'Empire après avoir conquis la partie orientale et battu le co-empereur Licinius en l'an 324) dirigea la première assemblée des évêques et des diacres qui allaient désormais constituer le leadership du christianisme officiel de l’époque. Cette assemblée -appelée concile œcuménique- a eu lieu dans la ville de Nicée (située dans l'actuelle Turquie) et avait pour but principal de mettre fin à des vives querelles doctrinales au sujet de l’incarnation du Christ et de son unité ou relation avec Dieu le Père ainsi que l’Esprit-Saint.

Jusque-là plutôt minoritaire, la tendance spirituelle dite christianisme va donc devenir non seulement celle du peuple, mais aussi impériale et imposante. En effet, avec l’avènement du premier christianisme d’État, la notion même du christianisme va progressivement et radicalement changer. D’une part, les nombreux débats doctrinaux plus ou moins houleux, qui se limitaient entre les principaux mouvements, allaient devenir source des divisions irréversibles entre les communautés/églises ; selon que chacune d’elles optera de faire alliance ou pas au pouvoir politique en place. Et d’autre part, les divers successeurs de l’empereur Constantin 1er vont aussitôt -selon leur bon vouloir- modifier, accepter ou rejeter le traité politico-clérical établi à Nicée.


De l’an 337 à l’an 361 : Les conflits entre divers mouvements n’étant plus alors uniquement théologiques mais aussi politiques ; c’est ainsi qu’au sein du grand empire légué par leur père, les descendants de Constantin vont décider de persécuter d’une part, les différents membres des autres spiritualités païennes ; et d’autre part, étant grands partisans de l’arianisme, les trois fils (Constantin II, Constant et Constance qui se partagèrent l’Empire pour régner) s’opposèrent vigoureusement à tous les antiariens -lesquels adhéraient à la tendance qui condamnait la doctrine prônée par le prêtre Arius-


En l’an 361, contrairement aux trois fils de Constantin 1er, Julien dit le philosophe, qui devint l’empereur romain d’Occident, écartera (durant son court règne de l’an 361 à l’an 363) tous les membres du ‘christianisme officiel’ -aussi bien les ariens que les antiariens- de sa cour impériale. En effet, bien qu’instruit dans l’arianisme, l’empereur Julien choisira de s’opposer à l’ensemble du christianisme ambiant, tout en accordant ses faveurs royales aux seuls représentants des spiritualités païennes. Julien le philosophe (appelé Julien l'Apostat par les chrétiens), qui réintroduira les cultes païens (ou le polythéisme) comme la seule religion d’État, va par ailleurs devenir particulièrement un fervent adepte « des mystères d’Eleusis » (une grande société sécrète antique, avec degrés de l'initiation, dont la plupart des empereurs romains ont appartenu).

Notons que cet empereur est aussi connu d’être l’auteur d’un livre célèbre critiquant la spiritualité chrétienne et intitulé « Contre les Galiléens »


En l’an 379 : Près des deux décennies après Julien l’Apostat, Théodose le Grand (qui débute son règne comme empereur romain d’Orient alors que Gratien gouverne la partie occidentale) va se faire remarquer par des choix loin d’être apaisants. En effet, il va décider d’une part, de faire du ‘christianisme nicéen’ -établi en l’an 325- la seule pratique spirituelle tolérée et obligatoire dans les deux empires ; et d’autre part, il va instaurer le mouvement des universalistes/katholicos comme étant la seule entité garante et gardienne de tout ce qui allait constituer le christianisme officiel au sein de l’Empire romain. Cet acte impérial de février l'an 380 (appelé Edit de Thessalonique) va donc institutionnaliser la domination du mouvement des universalistes. De ce fait, durant tout son règne de l’an 379 à l’an 395, seul le christianisme universaliste/katholicos nicéen sera exclusivement identifié comme le christianisme de l’État romain.

En outre, lors du premier concile de Constantinople (en Juillet 381), Théodose 1er (grand opposant à la doctrine arienne) va permettre qu’il soit définitivement légiféré le dogme de la profession de foi trinitaire nicéenne, et qu'il soit solennellement établi que l'évêque de Constantinople tienne le premier rang après l’évêque de Rome.

Ainsi, au sein de l’Empire romain, les autres principaux mouvements de l’époque (notamment les gnostiques et les rigoristes), supposés désormais dissidents et hérétiques, seront déclarés indésirables. Et dans chaque province romaine, toutes les spiritualités/croyances païennes vont être interdites et leurs temples définitivement fermés. Toute personne n’appartenant pas (ou n’adhérant pas) au christianisme officiel ambiant fut exclue des activités étatiques romaines (armée, magistrature…). L’ensemble de ces différents choix souverains furent en sorte que le destin de l’État romain et celui du christianisme nicéen deviendront liés d’une manière indissoluble. Un signe majeur, dans la vie de société, de ce grand changement : Par décision impériale, en l’an 394, les jeux olympiques antiques, considérés comme exaltant les divinités païennes, furent interdits.

Par ailleurs, contrairement à ses divers prédécesseurs, Gratien (l’empereur romain d’Occident) va arrêter de s’octroyer le titre du souverain grand-prêtre/pontife (ou prélat) des spiritualités païennes. Dès lors, ce titre finira par revenir à l’archevêque de Rome. Quant à Théodose (l’empereur romain d’Orient), il est connu comme celui qui a non seulement décidé d’enlever la statue de la déesse païenne Victoria qui trônait dans le sénat romain ; mais aussi celui qui va violement stopper la grande révolte des citoyens romains qui s’étaient opposés à sa décision et à ses partisans fidèles au christianisme ambiant.

(Bon à savoir : Dans la spiritualité grecque antique, Nikè -qui est la déesse de la victoire- est parfois dépeinte érigeant un trophée, ou plus souvent, planant, ailes déployées, au-dessus du vainqueur d'une compétition. Nikè est reconnue comme une médiatrice du succès entre les dieux et les hommes. Tout ceci représente effectivement le succès à la guerre, mais aussi dans toutes les autres entreprises. Nikè -appelée Victoria à Rome- fut vénérée dès les premiers temps de l'Antiquité romaine. C’est ainsi que, Nikè -déesse de victoire- en vint à être considérée comme la divinité protectrice du Sénat romain. Parmi les représentations artistiques de Nikè, il y a la célèbre ‘Victoiria de Samothrace’ datant du 2ème siècle avant JC ; laquelle a été découverte en 1863 à Samothrace-Grèce et va avoir comme lieu d’exposition le musée du Louvre à Paris-France.)

En l’an 395, les deux fils de Théodose 1er se partagèrent le grand territoire dont il est le dernier empereur à régner d’une manière unifiée lors de ses quinze dernières années. Ainsi, l’Empire romain fut totalement et définitivement reparti en deux (Arcadius régna en Orient et Honorius en Occident). Dès le début du 5ème siècle, les tribus germaniques vont fortement déstabiliser la partie occidentale de l'Empire romain (En l’an 406, les Barbares entrèrent en territoire appelé Gaule romaine et en l’an 410, les Goths vont pénétrer dans la célèbre ville de Rome).


En l’an 476, alors que les successives invasions germaniques -pilotées principalement par les Goths- vont finir par faire définitivement écrouler l’empire romain d’Occident (le dernier empereur va abdiquer), le christianisme officiel (établi solidement à Rome et encadré d'une manière efficace par le mouvement des universalistes nicéens) va subsister, car les nouveaux envahisseurs et conquérants étaient déjà en partie romanisés et christianisés.

Bon à savoir : L’année 476 est la période qui marque, pour les spécialistes en Histoire, le début du Moyen Âge en Europe occidentale. Ainsi, le Moyen Âge occidental est donc la période de l'histoire située entre l'Antiquité et l'Époque moderne, soit entre l’an 476 (fin de l'Empire romain d'Occident) et l’an 1492 (date à laquelle Christophe Colomb et Amerigo Vespucci arrivèrent aux territoires qui seront appelés les Amériques).



LE CHRISTIANISME D’ÉTAT et LES POUVOIRS IMPERIAUX EN EUROPE DE L’AN 481 À L’AN 1054.

En l’an 481, presque cinq ans après que le dernier empereur romain occidental ait renoncé à sa couronne, l’une de nombreuses confédérations de tribus germaniques (appelée les Francs), qui avait déjà conquis le territoire la Gaule romaine, aura comme principal dirigeant Clovis le mérovingien dont le règne se terminera en l’an 511, soit trente ans de pouvoir. Clovis 1er va donc finir par fonder le Grand Empire Franc après avoir occupé toute la Gaule romaine.

Ayant pris parti contre l’arianisme et les cultes païens, mais aussi pleinement convaincu de la supériorité concernant la tendance universaliste du christianisme officiel de l'époque ; le roi Clovis (ancien païen converti et baptisé suite à une cérémonie organisée par Remi, l’évêque de la cité de Reims) va être celui qui fut que, pour la première fois, un peuple germanique (notamment, les Francs) puisse totalement adhérer au christianisme universaliste nicéen.

En effet, suite à sa conversion et compte tenu de son pouvoir politique grandissant, tous les sujets des territoires conquis vont progressivement aussi se convertir à ce christianisme-là. Et bien évidemment, au sein de l’empire dirigé par Clovis, naîtra alors la communauté/église catholique -nicéenne- nationale franque. Cette dernière va dépendre aussi bien de l’épiscopat de Rome que de la maison royale franque dont l'ensemble de la première dynastie (appelée les Mérovingiens) régna de l’an 458 à l’an 751, soit près des trois siècles. (Bon à savoir : La dynastie mérovingienne régnera sur un très grand territoire de la France, mais aussi sur une partie des territoires qui sont aujourd’hui la Belgique, l’Allemagne, la Suisse et les Pays Bas).

Sachons que la légitimité supposée divine de gouverner, concernant chaque monarque des Francs qui reçoit l'onction, puise en effet son origine du baptême de Clovis 1er -premier roi franc de droit divin-.

Faisant référence aux anciens monarques hébreux cités dans l’Ancien Testament de la Bible, l’onction administrée à ces différents dirigeants politiques va dès lors devenir le sceau d'une alliance particulière entre le clergé du christianisme universaliste nicéen et les monarques francs.


Notons par ailleurs que la conception, plutôt politique et totalitaire de la conversion d’un peuple au christianisme adopté par son monarque, eut une forte expansion dans tout le continent et provoqua l’apparition de plusieurs autres communautés/églises dites nationales. D’abord en Europe occidentale puis en Europe orientale. Désormais dans différents royaumes européens chaque dirigeant politique, qui va -dès lors- utiliser le christianisme ambiant pour asseoir son pouvoir, interviendra pour imposer la position qui lui parait la meilleure lors des débats sur les points doctrinaux bibliques divergents.

En outre, très rapidement, les communautés/églises nationales devinrent des grands propriétaires terriens, et construisirent des grands bâtiments (cathédrales et basiliques) pour célébrer leurs activités cultuelles. De nos jours, nous pouvons observer particulièrement sur l’ensemble du territoire européen plusieurs de ces bâtisses construites dès le Moyen Âge.


Du 6ème au 11ème siècle de notre ère, parmi les dirigeants politiques européens qui ont largement associé à leur règne l’aspect religieux du christianisme ambiant, nous pouvons particulièrement citer :

- Justinien le Grand, appelé aussi l’empereur théologien. Il a régné au sein de l’Empire romain d’Orient (ou Empire Byzantin) de l’an 527 à l’an 565, soit trente-huit années. Il est communément considéré comme le plus grand empereur de l’histoire de tous les empereurs de la partie orientale.

- Pépin le Bref : c’est avec aussi bien le soutien de la papauté romaine que celui des évêques des Gaules qui le consacrent roi par onction au nom du christianisme universaliste nicéen (ou église catholique) qu’il va régner au sein du Grand Empire Franc de l’an 751 à 768, soit dix-sept années. Ainsi, après avoir déposé le dernier roi de la dynastie mérovingienne, puis être élu par les Francs réunis, et oint par l’épiscopat des Gaules, Pépin le Bref devint non seulement le premier maire du palais royal à devenir roi, mais aussi le premier roi de la dynastie carolingienne.

Enfin, je nous rappelle que comme pour tous les rois francs avant et après lui, le fait d’être ainsi oint signifiait d’une part, recevoir la légitimité divine de gouverner les peuples que Dieu lui confie selon le dogme des universalistes nicéens ; et d’autre part, avoir pris l’engagement royal de favoriser et d'aider la papauté romaine et toute l’institution du christianisme universaliste nicéen (ou l’église catholique).


- Charles 1er (Charlemagne ou Charles le Grand) : Il est fils et successeur légitime du roi franc Pépin le Bref. Après avoir été oint comme roi des Francs en l’an 768, il va vite devenir, suite à des conquêtes militaires sur le territoire européen, empereur de droit de divin dont la sacralité eut lieu à Rome à la célèbre date symbolique du 25/12/800. Une grande cérémonie dirigée par la papauté du christianisme nicéen occidental. Ce sacre fera renaître, en Europe occidentale, une gouvernance et une dignité disparues depuis la chute de l’empire romain d’Occident au 5ème siècle. Dans l’ensemble, le règne du roi et empereur Charlemagne va durer de l’an 768 à l’an 814, soit quarante-cinq années.

Même si après lui son empire (appelé empire carolingien) commencera vraiment à s’effondre trois décennies plus tard, notons que sur le plan politique, « la paternité de l'entité Europe » est souvent concédée à Charlemagne ; car durant son règne, il a pu assurer le regroupement d’une partie notable de l’Europe occidentale et a posé des principes de gouvernement dont ont hérité les Etats européens.

Et, notons qu’au sein du royaume des Francs, la dynastie carolingienne finira par être remplacée par celle des capétiens (en l’an 987) ; cette dernière durera jusqu’à l’année 1792, date qui marque l’abolition de la monarchie française, et la naissance de la première république ainsi que du régime républicain en France.

- Otton 1er (ou Otton le Grand) : En l’an 843, l’empire laissé par Charlemagne sera en effet divisé en trois royaumes ; et l’un d’eux nommé Francie orientale ou Germanie (composée essentiellement des tribus germaniques et slaves) va devenir le territoire où va commencer (dès l’an 936) le règne fulgurant de Otton le Grand. Car, après avoir conquis plusieurs territoires européens, ses vassaux vont l’élire empereur ; et il sera sacré empereur de droit de divin par la papauté romaine (en l’an 962). Ainsi, Otton le Grand est reconnu comme le fondateur de ce qui sera appelé plus tard le Saint Empire romain germanique. Et dans l’ensemble, le règne du roi et empereur Otton 1er va durer de l’an 936 à l’an 973, soit trente-sept années.

Toutefois, bien que la dynastie ottonienne (ou saxonne), dont il va imposer une forte dignité impériale, ait pu effectivement se poursuivre jusqu’au début du 11ème siècle ; sachons que toutes les tentatives (jadis effectuées aussi par Charlemagne pour reconstituer durablement l’Empire romain d’Occident) n’auront pas le succès escompté par Otton le Grand.

(Bon savoir : Au dix-neuvième siècle, l’empereur français Napoléon 1er, brillant admirateur de Charlemagne, lui aussi, malgré son ambition d’accéder au titre d’empereur d’Occident à la tête du Grand Empire, connaîtra la même désillusion que Otton 1er).


- Vladimir 1er (ou Vladimir le Grand) : Il fait partie de la dynastie des Riourikides-scandinaves slavisés-, laquelle régna (de l’an 862 à l’an 1598) sur la principauté de Kiev (ou Rous Kiev, l’État de Kiev) puis sur la principauté de Moscou (ou Moscovie, l’État moscovite). Mais c’est plutôt après un temps d’exil que Vladimir 1er devint (en juin 980) le puissant dirigeant -ou Grand prince- de la principauté de Kiev suite à une violente guerre fratricide. Plus tard, son mariage va être sa raison essentielle de renoncer au paganisme et aux extravagances mondaines afin de recevoir le baptême sous le nom de Basile. Cet engagement baptismal (qui rappelle celui de Clovis 1er, le premier roi des Francs) est officiellement administré par le patriarche de Constantinople.

Faisant suite à sa conversion, Vladimir le Grand va imposer à son peuple d’adhérer au christianisme universaliste nicéen byzantin ; en mettant en place une communauté/église nationale. C’est ainsi, à l’instar de Otton 1er pour le saint empire de Germanie, que Vladimir le Grand est considéré comme le principal fondateur de la « Sainte Rous ».

En outre, Vladimir 1er, qui compte parmi les monarques si importants de ce christianisme-là, a été finalement canonisé. En effet, selon le calendrier liturgique des universalistes nicéens, il est fêté -le 15 juillet, date de sa mort- comme saint, aussi bien chez les universalistes nicéens romains (ou l’église catholique romaine) que chez les universalistes nicéens byzantins (ou l’église orthodoxe).

Enfin, dans l’ensemble, sachons que le long et grand règne de Vladimir le Grand va durer de l’an 980 à l’an 1015, soit trente-cinq années.

Bon à savoir : La principauté de Kiev est la plus ancienne entité politique qui rassembla pour la première fois les peuples slaves orientaux (de nos jours, les ukrainiens, les russes, les biélorusses) -par opposition aux slaves occidentaux (de nos jours, les polonais, les hongrois, les slovaques…), et aux slaves méridionaux (de nos jours, les habitants des Balkans)-



PROCHAIN NUMÉRO


======================================================================= [x] Pour les noms, dates et lieux : les informations sont tirées du livre intitulé « MEMOIRE DU

CHRISTIANISME » - Editions Larousse 1999

bottom of page